Walking to New Orleans
In the Bayou
Dès notre arrivée à l’aéroport de New Orleans, nous sommes saisis par cette touffeur si caractéristique des latitudes tropicales. Chacun se regarde en souriant, pas mécontent de quitter le froid new yorkais pour des températures plus clémentes. Le temps de retirer nos manteaux – pour un bon bout de temps normalement – et de récupérer notre voiture, et nous voilà partis en direction de Tchoupitoulas street.
Notre vol entre New York et La Nouvelle Orléans avait pourtant mal commencé. Les douaniers trouvaient suspect qu’un enfant français de 8 ans ne comprenne pas les ordres qu’on lui aboyait en anglais, et Charlotte s’était faite refouler car son billet ne précisait pas son prénom… Le temps de le faire rajouter au bic sur le ticket, elle passait les contrôles de sécurité avec difficulté :
Ma’am, can I look into your hair ?
OUUUUUUAAAAT ???
Oui. Ici on fouille même les cheveux, au cas où quelqu’un aurait planqué une bombe dedans…
Les yeux rivés sur Google maps, nous arrivons de nuit dans le quartier : pas un troquet, pas une mobylette, et une vague impression de no man’s land…
Finalement, une fois entrés dans la maison prêtés par Paul & Mary, tout le monde était rassuré : une déco kitsch à souhait à base de souliers de carnaval, un gros fauteuil, une immense télé, et le même sofa que celui d’Angela Bauer dans « Madame est servie. »
A l’arrière, un perron couvert avec les rockin chairs donnaient sur un petit jardin : on était bien en Louisiane !
Cette maison était notre premier échange… enfin, puisque nous ne savons pas encore quand Paul & Mary viendront en France, disons que nous sommes – encore – logés gracieusement ! Nous ne les avons d’ailleurs pas rencontré lors de notre séjour, mais, en plus de leur maison, ils nous avaient donné plein de précieux conseils et de bonnes adresses avant notre venue. Le monde reste rempli de belles personnes, pour peu qu’on se donne la peine de les chercher.
Sur leurs conseils, nous filons chez Joey K’s sur Magazine Street, pour avaler notre premier dîner cajun : Po’boi et Gumbo au menu. Les murs sont tapissés des œuvres de Simon, un artiste français dont Mary nous avait beaucoup parlé.
Pipi, les dents, et au lit !
Nous nous réveillons sous une pluie annoncée de longue date, mais qui n’entame pas notre envie de découvrir la ville… Enfin, je parle pour Charlotte et moi : Jean en a marre au bout de 7 mètres, Louise a les pieds dans le bayou, et Nine a sa frange qui part en sucette… Bref, tout le monde a de VRAIS problèmes.
On s’arrête au Café du Monde, pour goûter à leurs fameux beignets, qu’on dévore au son d’un Jazz Band qui reprend des standards. Ambiance.
La visite se poursuit dans le quartier français, et nous faisons une halte au « Musée Vaudou », une super surprise, d’autant que l’entrée ne faisait pas très envie.
J’en profite pour échanger avec mon pote Dino Voodoo, un artiste français très talentueux (one of my fav’), qui, comme son nom l’indique, est assez porté sur la chose. Il est comme un dingue et nous envoie ses recommandations en live… que nous suivons, pour atterrir devant la maison de Marie Laveau. Petits et grands sont fascinés par la découverte de cette culture. Des squelettes, des os et des crocodiles, ça parle à Jean ; du pur son, de Screamin Jay Hawkins aux Meters en passant par Fats Domino, j’en avais plein les oreilles. Et quand nous découvrons la place centrale des femmes dans les rituels, Charlotte jubile. Who run the world ?…
Nous abdiquons en début d’après-midi et rentrons à la maison. Chacun vaque à ses occupations, et nous ne sommes finalement pas malheureux de nous poser une première fois depuis le début du voyage.
Pour rester dans la thématique, les enfants (re)regardent Bernard & Bianca.
Le lendemain matin, on a école ! Nous avalons un petit-déj’ typique dans un dinner typique, et filons à la Charter Audubon School, où nous sommes attendus par Roxanne et toute sa classe, pour notre première session de « 20 questions to children ».
L’école est française mais les élèves américains. Accueillis chaleureusement à force de « Bônnejouw » et de « Biennevenou », nous menons une série d’interviews à base de mignonnerie et de clichés américains.
« Pour, toi, qu’est-ce qui représente le mieux ton pays ? »
« Les écrevisses ! Parce qu’on en mange beaucoup, et avec tout ! »
« Qu’est-ce que tu voudrais faire plus tard ? »
« Etre riche ! »
Nous sommes à peu près aussi intimidés que les élèves, mais la magie opère vite et nous enregistrons quelques pépites. Ces images s’ajouteront à celles que les équipes de « 20 questions to the world » tournent dans le reste du monde et feront l’objet des pastilles vidéos dans le cadre d’un projet pédagogique mené par Léa.fr (Nathan).
Il est déjà temps de repartir vers notre prochaine destination : Bâton Rouge.
Heading to Bâton Rouge
Nous prenons le chemin des écoliers, en longeant le bayou.
« Papa, tu crois qu’on verra des crocodiles ? »
« … depuis le siège de la voiture, comme ça, sans bouger tes fesses?? Faut pas rêver ! Je pense qu’il faut s’enfoncer dans le bayou, aller plus l… »
« Là ! J’en ai vu un ! »
« Là aussi regarde ! Y’en a partout en fait ! »
Nature luxuriante : 1 – Papa qui sort sa science : 0
Après avoir loupé la route des plantations et alterné entre raffineries géantes et champs de canne à sucre immenses, nous nous arrêtons finalement à Houma’s House en fin d’après-midi.
La plantation est imposante. Le prix pour visiter l’intérieur de la maison l’est tout autant, donc nous nous contentons du jardin. Nous ne sommes pas déçus, même si nous nous étonnons qu’il ne soit fait à aucun moment mention de l’esclavage… qui a pourtant l’air d’avoir fait fonctionner la propriété pendant quelques décennies !
Nous arrivons au Motel 6 de Bâton Rouge avec le sentiment de sortir des sentiers battus, et de rentrer encore un peu plus dans l’Amérique profonde. Une faune interlope se croise dans ce motel un peu crade : c’est exactement ce que nous étions venus chercher !
La ville, que nous visitons rapidement le lendemain matin est très décevante et sans beaucoup d’intérêt. Le mauvais temps ne doit pas aider. Nous traçons vers Nachez, bien décidés à poursuivre l’exploration de cette Amérique un peu oubliée. Nous avions repéré sur les blogs une jolie route bordée de vieilles maisons typiques de la région, en bordure d’un méandre du Mississipi. Un peu étonnés de ne voir qu’un repaire de white trash tout du long, nous réalisons seulement à la fin que nous nous sommes trompés de rive !!!
En effet, de l’autre côté, ça avait l’air vraiment sympa!!
Halte à St Francisville pour le déjeuner. Mon oncle grec – Grand Jean – dirait de ce village qu’il est « très gentil », avec ses maisons en bois d’un autre temps, toutes décorées de citrouilles à l’approche d’Halloween.
Le surprisomètre remontait à la normale.
Non loin de là, nous visitons Oakley, une plantation plus ancienne que les autres. Cette fois, non seulement nous visitons l’intérieur, mais nous avons toute la plantation rien que pour nous. Cours d’histoire en conditions réelles.
Pour le soir, nous avions réservé un hôtel à Natchez, en nous disant que le prix était quand même super intéressant pour une chambre pour 5… C’était sûrement parce qu’elle était pour 4 en fait!… Les enfants dorment donc – mal – à trois dans le même lit… ils auront tout le temps de se reposer le lendemain dans la voiture!
Nous repartons assez tôt, car la route jusqu’à Dallas est longue, et nous ne voulons pas arriver trop tard pour récupérer le camping-car.
Dallas, terminus! Tout le monde descend
Visiblement, nous n’avions pas la même notion de « pas trop tard » avec le loueur,
qui me précise à 14h que nous devons arriver avant 16h. Plan B : on le récupérera le lendemain matin et nous dormirons 1 nuit à Dallas.
Quand ça veut pas, ça veut pas ! Entre le taxi qui nous ramène de l’aéroport où nous avons déposé notre voiture de loc, et la nuit imprévue à l’hôtel, nous explosons notre budget, nous qui avions fait jusque là un sans faute.
Contre mauvaise fortune bon cœur, nous dînons dans un tex mex, histoire d’être absolument sûrs de finir diabétiques avant la fin de notre séjour !!
Même moi, pourtant ambassadeur de la junk food, inventeur des Tucs au Nutella, et Cocaphile depuis plus de 20 ans, je suis un peu écoeuré par la quantité astronomique de gras et de sucre qu’ils ingurgitent à longueur de journée.
Nous qui sommes arrivés avec nos brosses à dents en bambou et notre volonté d’en découdre avec le plastique, nous nous sentons bien impuissants – et un peu ridicules – devant ce raz-de-marée de graisse et de produits transformés !
Le lendemain matin, enfin, nous entamons une nouvelle étape de notre voyage : la route, la vraie, avec notre camping-car El Monte RV !
Ready to hit the road !
Goodies
Home Exchange : le meilleur moyen pour dormir à l’oeil, pour peu qu’on ait quelque chose à échanger. Ne vous faites pas de complexes: on a vu des Américains échanger leur penthouse à New York contre des T2 dans le 18è. Comme pour le loto, 100% des gagnants ont tenté leur chance. C’est aussi une occasion unique de faire de vraies rencontres.
A lire : On connaît surtout Anne Rice pour ses « Chroniques des vampires », dont le fameux « Entretien avec un vampire » ( les plus feignants pourront toujours se remater l’adaptation en film… Il paraît que Tom Cruise et Brad Pitt sont trop beaux avec des dents pointues!) mais Charlotte vous conseille plutôt sa « Saga des Sorcières », ou la saga familiale d’une lignée de sorcières, les Mayfair, à la Nouvelle-Orléans, du XVè siècle à nos jours. Girl Power! Jean, lui, vous conseille plutôt les aventures de « Lou Pilouface » , « Panique dans le bayou » et « Le carnaval des squelettes » de François Place (à partir de 7 ans).
A écouter : pour les amateurs de Jazz, on reprend l’intégrale de Sidney Bechet et de ses copains à clarinette. Pour les bluesmen et les funky booties, on part sur Fats Domino, Professeur Longhair ou The Meters. Pour traverser le Mississipi, la B.O. de « O’ Brothers » des frères Cohen à fond dans le caming-car, ça marche pas mal aussi. Enfin, si vous voulez vous faire une séance Vaudou, on ne saurait que trop vous conseiller Screamin Jay Hawkins ou Papa Celestin.
Séries à voir : bien sûr, on pourrait vous conseiller Treme – série mythique sur la Nouvelle Orleans post-Katrina – mais on l’a pas vu, donc on passera notre tour!! En revanche, True Detective vaut son pesant de noix de cajou.
Films à voir : nous on s’est fait une ressucée de Dans la brume Electrique , superbe polar de Bertrand Tavernier
La photo de toute la classe à l’école avec Jean planqué derrière la table est extraordinaire. Bonne route!
Le sofa d’angela Bower????!!! Non mais là c’est toute notre adolescence qui remonte à la surface….. 😬 des bizous les loulous