RÊVE D’AMAZONIE

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Histoire mémorable d’une rêverie, que nous vivions ensemble en Amazonie

Letitia

Charlotte me réveille alors que l’avion amorce sa descente vers Leticia.
Par le hublot, j’aperçois la forêt immense, vierge, à perte de vue.

Dans la canopée

Nous restons tous bouche bée devant ce spectacle inédit : le fleuve Amazone large aux reflets argentés qui serpente à travers ce tapis vert.
Aucune maison.
Aucune route.

La magie opère instantanément.

Le ciel est bas et l’on sent qu’il vient de pleuvoir dans cette ville perdue à l’extrême sud-est de la Colombie.

Fait unique au monde, Leticia est à la croisée de trois pays: la Colombie, le Brésil et le Pérou.

Ici, pas de frontière mais on passe du pesos au real d’une rue à l’autre. Pour gagner le Pérou, il suffit de cinq minutes de bateau jusqu’à l’île de Santa Marta.

Après avoir récupéré nos bagages et réglé les formalités d’entrée, nous avons la surprise d’être attendus par une personne de l’hôtel qui nous embarque dans un taxi.

La chaleur est écrasante et l’humidité sature l’air pour le rendre plus lourd encore.

Dans la rue, les tuk-tuk et les motos slaloment pour éviter les flaques d’eau, tout le monde klaxonne, les taxis sont défoncés: pas de doute, nous sommes toujours en Colombie.

Sitôt les affaires posées, nous nous enduisons d’anti-moustique et partons découvrir de plus près le fameux fleuve.

Malgré des airs de bout du monde, les rues sont animées.

Au bord du fleuve, les maisons sur pilotis auxquelles on accède par des pontons ou de simples planches de bois posées sur la terre détrempée.

Le sol est jonché de détritus et nous rappellent que, même ici, le plastique est un fléau très loin d’être endigué.

On achète nos billets pour le bateau du lendemain. On avale un bon dîner et retournons déguster une caïpirinha offerte par l’hôtel, au bord de la piscine.

Je ne quitte pas mon sourire, et répète à l’envi:

« On est en Amazonie. C’est ouf non ? »


I’m on a boat

Le lendemain, nous embarquons dans un bateau en direction de Puerto Nariño. Les bagages sont chargés sur le toit en fibre de verre, que nous voyons plier sous les pas des employés: s’ils ne tombent pas à l’eau en cours de route, ils seront à coup sûr détrempés à l’arrivée. Tant pis.

Chacun met son gilet de sauvetage, s’installe en rang d’oignon et nous voilà partis pour deux heures de navigation.

Pablo, un indigène sans âge s’installe à côté de Louise et nous montre fièrement une dent qu’il dit être de dauphin.

A vue de nez, ça ressemble plus à l’une des siennes!

Il est manifestement très fier de sa région, et décrit tous les points d’intérêt devant lesquels nous passons.

Le fleuve est immense, marron chargé d’alluvions et le bateau remonte un courant important qui charrie des dizaines de troncs d’arbre. Les nuages sont menaçants mais le paysage qui défile est fascinant.

Nous sommes saisis par la force des éléments qui s’imposent à nous : le fleuve, la forêt et le ciel.

Après quelques arrêts, nous arrivons sans encombre à Puerto Nariño, sous une pluie battante.

Feliz, qui travaille pour l’hostal, nous attend sur le débarcadère et nous embarque dans sa petite pirogue pour cinq minutes de navigation.

On détonne un peu avec nos valises roses et bleues à roulettes dans cette ambiance d’aventuriers.

Cabañas del Friar

Les choses se corsent à l’arrivée à l’hostal lorsque nous devons monter un escalier boueux et glissant. Charlotte manque de tomber une bonne dizaine de fois, et la valise de Jean termine couverte de boue.

Une fois en haut, nous découvrons les Cabañas del Friar – autrement appelées « Alto del Alguila »: plusieurs maisonnettes en bois, peintes dans des tons vifs et joyeux.

L’espace commun est entièrement ouvert sur l’extérieur avec seulement des moustiquaires en guise de mur. Là, nous sommes accueillis par Aleja, un adorable bébé singe recueilli quelques mois plus tôt.

Un couple de aras bleus majestueux surveille l’entrée tandis qu’un autre – rouge cette fois – saute d’épaule en épaule à la recherche de caresses.

Les enfants n’en croient pas leurs yeux et se battent presque pour caresser Aleja, qui finira par s’endormir dans les bras de Charlotte.

A l’extérieur, le spectacle est tout aussi incroyable.

Des singes écureuils par dizaines qui sautent de têtes en épaules, les aras qui débarquent pour glaner un morceau de fruit, les dindons qui déambulent entre les cabanons, les chiens, les chats, puceux mais impassibles faces à tous ces animaux.

Et Aleja, qui enchaîne les bêtises encore plus vite que Jean.

A la tête de ce bestiaire, frère Hector, un missionnaire débarqué dans la forêt en 1981 qui a monté l’hostal dix ans plus tard, et sa sœur Elena.

Un frère et sa sœur: vous suivez ?

L’endroit est très (très très) rustique, mais absolument incroyable. Nous sommes tous conquis.

Near the village, the peaceful village

Le temps se dégage vite et nous en profitons pour aller faire un tour au village et quelques courses pour les prochains repas, car ici il n’y a rien d’autre qu’une fontaine d’eau potable et une machine à café.

Nous troquons nos baskets pour des bottes prêtées par l’hostal: Frère Hector retire les siennes, arrose l’intérieur de talc et me les tend.

Adieu monde d’hygiène.

On emprunte le petit chemin qui passe par un internat: des élèves en uniforme balayent inlassablement la cour en nous regardant d’un air curieux. Nine hallucine de l’état de leurs baskets: rutilantes malgré la boue omniprésente.

Sorti de l’internat, on longe le fleuve pendant quelques centaines de mètres.

Puerto Nariño est un village propret, avec ses jolies maisons et ses jardins bien entretenus. Un des seuls lieux de Colombie où l’on trie les déchets, ce qui ne nous empêche pas d’en voir quand même en nombre, y compris dans le fleuve.

On y trouve de quoi nous sustenter et rentrons en pirogue.

L’après-midi passe comme un rêve.

Les enfants se transforment en porte-singe tandis que nous savourons un coucher de soleil sur le fleuve.

Magique.

Watch out for that piranha!

Le lendemain, Feliz nous embarque sur sa pirogue pour un tour sur l’Amazone. On s’arrête admirer les dauphins roses. On traverse une mangrove pour déboucher sur une sorte de lac immense.

Au début, on croise quelques familles sur leurs longues pirogues puis, rapidement, nous sommes seuls au monde.

Feliz sort les cannes en palmier taillées avant de partir, le fil, les hameçons et coupe de la viande en guise d’appât.

C’est parti pour la pêche aux piranhas!

Jean ferre le premier, puis c’est au tour de Louise, puis Nine… Charlotte et moi sommes aussi nuls à la pêche qu’au billard: aucune prise pour nous, alors que les enfants en remontent 7! Feliz est adorable et s’enthousiasme dès qu’il sent le poisson mordre à l’hameçon.

Régulièrement, je lève la tête pour admirer le spectacle qui s’offre à nous: il fait chaud, nous sommes seuls et nous pêchons le piranha dans l’Amazone.

Je me pince pour y croire.

Sur le chemin du retour, on croise quatre hôtes de notre hostal qui se baignent dans le fleuve. Feliz nous propose de les rejoindre, mais personne n’est hyper motivé à l’idée d’aller faire trempette. On est plus branché requins baleines que nage avec les piranhas dans la famille.

Du sang et des larmes

Feliz nous dépose à Puerto Nariño pour déjeuner, et nous repartons sous une chaleur accablante vers notre cabane.
Nous sommes trempés de sueur et rêvons tous d’une douche froide et d’une après-midi au calme dans un hamac.

A peine sommes-nous arrivés dans la salle commune que nous entendons un cri perçant: Jean déboule en pleurs, la main devant la bouche.
Du sang coule à travers ses doigts. Mon cœur s’arrête de battre lorsqu’il la retire et montre un trou béant au-dessus de sa lèvre.

« Je me suis fait mordre par le chien! »

On ne veut pas y croire. On veut remonter le temps de quelques minutes, faire que tout ça n’est qu’une mauvaise blague.

Charlotte peine à regarder et je suis partagé entre la colère et l’effroi: mille fois pendant ce voyage nous lui avons demandé de se méfier, de ne pas approcher les animaux de trop près, de ne pas embrasser tous les chiens puceux des environs, même ceux qu’ils trouvait « trop meugnons ».


Je remarque une autre petite ouverture sur son front, et la marque de la mâchoire du chien sur toute la joue.

Le cabot ne l’a pas raté.

Deux hôtes portugaises – infirmières dans la vie de tous les jours – lui nettoient la plaie à l’eau claire. Enfin, claire comme l’eau de l’Amazone.

Je me sens soudain en territoire hostile.

En l’absence de frère Hector parti à Leticia, Elena appelle Pacho, leur « aide de camp », accessoirement propriétaire du chien, pour qu’il vienne nous chercher en pirogue et nous accompagne à l’hôpital.

Je suis en panique. Charlotte est livide. Je repense à nos échanges à la suite de sa première blessure, qui date d’il y a seulement quinze jours :

« Heureusement qu’il s’est fait mal dans le nord de la Colombie. Imagine en Amazonie, ç’aurait tout de suite été moins drôle! »

En effet, c’était beaucoup moins drôle.

Je suis quand même un peu rassuré lorsqu’Elena me confirme qu’il y a un hôpital à Puerto Nariño: je ne me voyais pas du tout faire deux heures de bateau jusqu’à Leticia, avec Jean dans cet état.

Malgré la douleur, il se calme vite. Charlotte me tend les papiers et les carnets de vaccination. Pacho arrive et nous embarque sans perdre une seconde sur sa pirogue.

Jean se blottit contre moi, silencieux. J’ai peur. Très peur.

Plus tard, il me dira qu’il voulait pleurer sur le bateau, mais qu’il s’est dit :

«Tu es dans un endroit fantastique, tu as pêché des piranhas ce matin, joué avec des singes écureuils, câliné un bébé capucin et tu savais qu’il fallait te méfier des chiens. Alors il ne faut pas pleurer.»

Je suis estomaqué par son courage et sa résilience dans ce genre de moments. Il tient son mouchoir sur sa plaie et se tient en silence à mes côtés, face à Pacho dont le regard est aussi inquiet que le mien.

Alors que nous montons à pied vers l’hôpital, il me confirme que le chien a tous ses vaccins à jour, à commencer par celui de la rage. Je lui réponds que Jean aussi, même si je m’aperçois que cela ne figure pas sur son carnet.

Contrairement à la première fois, ce n’est pas un dispensaire, mais un vrai hôpital dans lequel nous pénétrons. Enfin, un vrai hôpital en Amazonie: ça sent pas franchement la technologie, les ordonnances se font sur du papier carbone et le bâtiment date un peu, mais, au moins, l’équipe médicale m’inspire confiance.

Une infirmière le prend immédiatement en charge et lui nettoie la plaie. Jean ne bronche pas.

La chaleur est à peine supportable.
Un jeune chirurgien arrive, examine Jean et nous emmène tous dans la seule salle climatisée: celle des accouchements.

Jean s’allonge donc entre les deux étriers et le médecin commence à le soigner. Les huit piqûres d’anesthésie, directement dans la plaie, sont très douloureuses, si bien que nous devons le maintenir avec Pacho pour éviter qu’il ne se blesse.

Le travail du chirurgien est minutieux et dure une éternité. Il me pose plein de questions, autant pour me calmer que pour détendre l’atmosphère. J’ai les jambes en coton et le t-shirt trempé.

Je sens la main de Jean qui serre la mienne quand il a mal. J’ai mal avec lui.

Lorsque le médecin demande à mettre un peu de musique, je me dis que mon fils est entre de bonnes mains:  mon père, chirurgien, opère lui aussi en musique. Ça ne peut être que la marque des bons.

Ses instrumentistes notent ses moindres faits et gestes, sont aux petits soins pour Jean et me lancent des regards rassurants.

Sitôt l’opération terminée, Pacho, que tout le monde connaît au village, m’invite à repartir vers la pirogue et acheter une glace à Jean, désormais condamné à manger à la paille pour les quinze prochains jours avec ses sept points de suture à l’intérieur de la lèvre. Lui se charge de tous les papiers et du paiements et nous retrouve ensuite. Quinze minutes maximum.

Une heure plus tard, il arrive enfin et nous retrouve assis sur une pirogue retournée. Jean est un peu hagard, sa lèvre a triplé de volume, mais l’anesthésie fait toujours effet et il me répète qu’il n’a pas mal.

Charlotte et les filles nous attendent à l’hôtel, mortes d’inquiétude. Elles se précipitent à notre rencontre et tout le monde craque en voyant le visage déformé de Jean.
Un gros lourdeau français « qui-sait-tout-qui-connaît-tout », qui voyage avec sa femme et son enfant du même âge que Jean, tente de me faire la morale après avoir bassiné Charlotte toute l’après-midi.
Je lui fais comprendre que ce n’est pas franchement le moment. Tout l’hostal le fuira pendant le reste du séjour, goûtant assez peu à ses théories fumeuses. C’est le premier gros lourd que nous croisons depuis le début du voyage. Et il fallait que ce soit à ce moment-là.

Le soir, nous cuisinons les piranhas pêchés le matin, mais notre esprit est ailleurs.

On se sent loin de tout.

Nine est inquiète pour son petit frère et le voir dans cet état ne la rassure guère.

Heureusement, les autres hôtes, français pour la plupart, sont adorables et s’efforcent de nous changer les idées. On se couche inquiets et vigilants. Jean, lui, dort comme un bébé.

Monkey man

Le lendemain matin, il fait beau, Jean se dit en forme et veut absolument continuer d’explorer les environs. Sur les conseils de trois copines bretonnes qui y sont allées la veille, nous décidons d’aller dans une réserve non loin de l’hôpital.

Ça va, on connaît le chemin.

Sam et Alexia, un couple Suisse hyper sympa qui voyage depuis plus d’un an, propose de nous accompagner.

Après une demi-heure à patauger dans la boue, nous arrivons devant les portes du refuge.

Immédiatement, un singe araignée accourt vers nous et grimpe sur mon dos. Nicolas, un français rencontré à l’hostal nous avait prévenu: elle n’aime que les hommes et pousse de grands cris de détresse lorsque nous la quittons.

En effet : après avoir squatté mes épaules pendant un bon bout de temps, elle passe sur le dos de Sam, qu’elle ne lâchera pas de toute la visite.

A peine passée l’entrée, un singe hurleur nous accueille et passe de bras en bras sans aucune hésitation.

Nous qui les avions découverts perchés dans les arbres au Costa Rica, nous hallucinons de les voir d’aussi près, de les toucher. Jean oublie presque ses mésaventures, mais nous sommes six autour de lui à veiller qu’il ne se blesse pas ou ne fasse pas de mauvais geste.

Nous montons sur un observatoire en bois, qui donne sur un petit lac en partie recouvert des immenses nénuphars en forme de plateau typiques de l’Amazonie.

Ici sont recueillis toutes sortes d’animaux, qui retourneront à la vie sauvage nous dit-on. On en doute un peu en voyant à quel point ils sont affectueux et dépendants de l’homme.

D’en haut, on voit une tortue, puis une deuxième. Deux caïmans et même un piralucu, le plus grand poisson d’eau douce du fleuve, avec une longueur de plus de deux mètres. On aperçoit ses écailles multicolores et sa grande bouche de poisson chat lorsqu’il affleure à la surface.

On ne sait plus où donner de la tête.

Pacha – la femelle singe hurleur – s’endort sur nos genoux. Nino, un mâle, arrive de l’arbre voisin et prend la pause. Le petit singe araignée s’accroche à nous dans des positions improbables.

Chacun va et vient d’une épaule à une autre. Pacha me kiffe et cherche à m’embrasser. Je suis pas hyper motivé: on a notre quota d’infections.

La pluie commence à tomber mais, contrairement à nos habitudes bretonnes, nous descendons tous du mirador pour nous rafraîchir un peu.

Alexia et Sam, qui ont pourtant sillonné la planète entière, vivent ces moments avec autant de fascination que nous.

Nous repartons à regret, au son des suppliques du singe arraignée.

Pause glace au village. La pluie tombe de nouveau en trombe et nous patientons sous le auvent de l’épicerie en regardant les jeunes filles de Puerto Nariño qui jouent au foot, glissant dans la boue tous les deux mètres. Lorsqu’elles sont trop sales, elles plongent dans le fleuve et reviennent à leur poste, toujours sous la pluie battante.

Avant d’aller dormir

A notre retour, nous retrouvons le singe Aleja, qui a piqué nos œufs et s’amuse à les éclater un peu partout.


Trop fandard.

Heureusement, Julien, un néo-calédonien adorable, nous offre sa pêche de piranhas du jour.

Jean en a déjà marre de manger de la soupe froide à la paille.

La soirée s’étire en compagnie des autres hôtes: Nicolas et Maëlle jeûnent en prévision de leur séance d’Ayahuasca avec un chaman le lendemain. Gwenn flippe un peu à l’idée de partir pour un trek dans la jungle, seule avec son guide. Camille amuse la galerie en racontant ses expériences de monitrice de colo.
Les enfants ne quittent pas les singes écureuils qui sautent de tête en tête.

Tout le monde est hyper prévenant avec Jean, et veille à ce qu’aucun singe ne tire sur ses fils, même si ce n’est pas l’envie qui leur manque.

Ce n’est qu’un au-revoir

Le samedi matin, il est déjà temps de repartir. Malgré ses mésaventures, cet endroit reste le préféré de Jean.

Pour nous aussi ce séjour restera gravé dans nos mémoires.

Malgré notre peur bleue, nous n’oublierons pas que nous avons touché du doigt ce rêve d’Amazonie, de nature hostile mais fascinante. Une bulle comme suspendue dans le temps, où animaux et humains vivent en quasi-harmonie.

Bien sûr, cette nature n’échappe pas aux ravages de notre société.
Elle est fragile et nous sentons que l’équilibre est en passe d’être rompu.

Je me fais la promesse de revenir. Bientôt. Même si je crains de ne pas retrouver la forêt dans le même état.

Sur le bateau qui nous ramène à Leticia, chacun est pensif. Un peu inquiet aussi.

Nous qui devions gagner le Pérou par l’Amazone en bateau pendant trois jours, nous avons finalement préféré retourner à Bogotá puis prendre un avion pour Lima.

Tant pis pour le budget.

De toutes façons, les filles n’étaient pas très enthousiastes à la vue des hamacs agglutinés sur le pont d’un bateau flottant par miracle et de l’unique toilette disponible pour 400 passagers.
Et Charlotte et moi voulons à tout prix réduire les risques d’infection et être dans un grand centre urbain pour les prochains jours afin de parer à toute éventualité.

Do Brasil

A notre arrivée à Leticia, Frère Hector nous fait la surprise de nous attendre sur le quai. Il nous serre tous chaleureusement dans ses bras, et ordonne à ses deux accompagnateurs de prendre toutes nos valises.
Nous le suivons à travers le marché jusqu’à deux tuk-tuks qu’il dirige vers un restaurant en nous donnant RDV deux heures plus tard.

Il débarque à l’heure dite dans un pick-up hors d’âge et nous propose d’aller au Brésil avant de nous ramener à l’aéroport.

On ne sait pas s’il se sent mal pour ce qui est arrivé à l’hôtel, ou s’il est comme cela avec tout le monde.

Un peu des deux sûrement.

Toujours est-il que nous avons le droit à une visite privée – et expresse – du Brésil.

« Regardez l’état des routes. Vous sentirez tout de suite la différence quand nous passerons la frontière.»

En effet, sitôt passé le panneau d’entrée dans le pays, les routes deviennent lisses, les trottoirs sont bordés de palmiers.

Un frère, deux soeurs, un petit canard et nous

Le temps d’une photo souvenir et nous repartons en direction de l’aéroport.

On met Jean bien en évidence quand on double toute la queue pour embarquer dans l’avion.

Il faut bien que tout ça nous serve à quelque chose!!

A l’aéroport de Bogotá, on croise Sara, une Suisse rencontrée à l’hostal. On partage un taxi jusqu’à notre hostal, situé dans la Candelaria.

Notre aventure en Colombie s’achève le lendemain et l’heure est au bilan.
Pas grand chose à jeter dans ce mois riche en émotions, en découvertes et en rencontres. Nous avons tout aimé de ce pays, qui fût sans nul doute la meilleure surprise de notre voyage.

De Bogotá à Medellín en passant par la côte caraïbe, Salento et l’Amazonie, les paysages nous ont envoûté autant que les colombiens.

Nulle part ailleurs nous n’avons rencontré de gens aussi accueillants, bienveillants, souriants.
Nulle part nous ne sommes sentis en danger, au contraire.

La Colombie souffre de ses clichés et reste un secret bien gardé. Tant mieux pour nous!

Vamos a Lima ahora!


Rio 2 : Bien que l’action se déroule dans la partie brésilienne de l’Amazonie, on y retrouve les animaux et surtout l’environnement dans lequel nous étions plongés durant ces quelques jours. Les enfants ont adoré. Charlotte aussi.

Documentaires à voir: aller en Amazonie, c’est aussi un voyage spirituel. Très présents dans chacune des communautés peuplant la forêt, les shamans fascinent autant qu’ils intriguent. Leur vision du monde, et les plantes qu’ils utilisent – parmi lesquelles l’Ayahuasca -suscitent de plus en plus l’intérêt d’occidentaux. Deux documentaires intéressants retracent, chacun à leur manière, l’expérience chamanique: « The Last Shaman« , film produit par Leonardo di Caprio qui suit un jeune étudiant brillant mais profondément dépressif, qui part soigner son mal-être Amazonie; « D’autres mondes », l’expérience hallucinée du réalisateur Jan Kounen au coeur du shamanisme shipibo.
Bon, vous vous doutez bien qu’en famille et qui plus est avec un enfant transformé en canard, nous nous sommes contentés des documentaires!

Enfin, en bonus, cette séquence issue d’un des nombreux documentaires passionnants que nous avons tous vu un soir d’insomnie, et qui montre un premier contact entre une tribu indigène et le monde dit « moderne ». Manifestement, on ne chante pas bien.