CITY OF ANGELS

Catégories Etats-Unis8 Commentaires

Quatre jours à L.A.

Hipsterland

Sitôt le camping-car rendu, nous commandons un Uber, moyen le plus économique pour traverser d’Anaheim à Van Nuys. Le trajet nous permet d’avoir un premier aperçu de la ville. Immense.
Tout le monde est excité, même si on ne sait pas si c’est à l’idée de quitter notre camping-car ou d’enchaîner avec de nouvelles aventures. Sûrement un peu des deux!

On s’arrête à Sunset Junction pour déjeuner. La machine à souvenirs se met en marche dans ce quartier que je connais désormais par coeur, pour y avoir été avec Charlotte en 2010, et y avoir séjourné quelque temps pour le travail.

Après deux semaines et demie au pays des redneck, nous sommes propulsés à Hipster-land: ici, on ne boit pas des cafés, mais des frapuccino. On ne mange pas des burgers sauf s’ils sont végétariens. On ne déjeune pas d’un plat de pâtes, mais de noodles au blé complet. On ne boit pas de coca, mais des jus d’herbe…

Charlotte revit. Les filles adorent… et Jean dessine!

Master drawer

Nous remontons la rue pour apercevoir les fameuses lettre d’Hollywood, puis nous embarquons dans un énorme SUV noir en direction du quartier de Van Nuys, juste derrière les collines d’Hollywood.

Le chauffeur est russe et ne parle pas un mot d’anglais. En voyant les rues défiler, dans cette berline digne de la CIA, conduite par un Russe, j’ai un peu l’impression d’être Jack Bauer qui part pour sauver la planète en 24h chrono!


Je ris intérieurement, mais je checke quand même rapidement sur Google Maps qu’il nous emmène bien sur le bon chemin, et pas dans une base secrète pour nous torturer… Je suis presque déçu quand il nous dépose sans encombre devant le 5820 Mammoth Street, la maison de Jeff & Sparky.

I am Jack Bauer and I have 24 hours to save the world

Come on-a my house

Le couple nous accueille chaleureusement sur le perron, et nous fait vite visiter leur immense maison.

Nous n’en revenons pas.

« Maman! On a chacun notre chambre! »
« Mamaaan! Regarde les écureuils dans le jardin! »
« Pierrot! Tu as vu la cuisine? Il y a le même Kitchen Aid qu’à la maison! »
« Lolotte! Regarde! J’arrive à tourner sur moi-même en tendant les bras, sans me cogner ni éborgner les enfants! »

Tout le monde est aux anges. Avant de nous laisser leur maison, leur voiture, et leur vieux chat «Pucky», nous buvons un verre avec nos hôtes. Leur premier réflexe est de s’excuser… pour leur Président! Après avoir traversé 3 états où fleurissaient les « Make America Great again » sur toutes les vitrines et les autocollants « Trump 2020 » sur la moitié des pick-up, le contraste est saisissant!
Alors que nous ne nous sommes jamais rencontrés, ils nous confient les clés de leur maison, le frigo plein de bonnes choses, et s’envolent pour retrouver leur fils quelques jours à Brooklyn.

Une belle leçon de confiance, et de générosité.

Je dois avouer que j’étais assez réticent au principe d’échange de maison. Disons que je voulais bien échanger les maisons des autres, mais j’avais plus de mal avec la nôtre! La gentillesse, la confiance et l’accueil que nous réservent Jeff & Sparky me convainc rapidement du contraire. Nous avons hâte de les accueillir à notre tour, et de leur rendre la pareille.

La journée se termine comme elle a commencé: chacun avec un sourire vissé sur le visage.

Le soir, les enfants révisent: ils regardent Waterworld en prévision de notre visite à Universal Studios lendemain.

Gros Budget

Sitôt le petit-déjeuner avalé, nous prenons la route en direction d’Universal City.

 

L’entrée coûte un bras et demi par personne, mais, avant de partir, mon frère et ma belle-sœur Paul & Marie-Cécile nous avaient offert «un petit tour en plus»: un bon-cadeau pour nous offrir ce que notre budget ne nous permettait pas. Merci à eux au passage: on peut dire qu’ils ont fait trois heureux ce jour-là !

Les enfants ont déjà fait leur programme, et il y en a pour tout le monde. Jean, docteur ès King Kong et major de promo Jurassic Park, connaît déjà toutes les sales bêtes que nous croisons lors du « Studio tour ». Un ptérodactyle me crache de l’eau à la figure – évidemment, c’est sur moi que ça tombe – mais Jean me corrige.

« C’est un vélociraptor papa, comment tu peux encore les confondre…»

Louise et Nine nous entraîne dans le monde merveilleux de Harry Potter, et font ami-ami avec les acteurs du spectacle Waterworld.

Avada Kedavra!

Quant à moi, l’attraction des Simpsons me rappelle que je suis définitivement un ado attardé.

Doh!

Le parc est animé mais pas bondé, donc nous pouvons faire le tour de toutes les attractions dans la journée. Jean trouve rapidement comment dépenser les 50€ laissés par ses grands-parents pour son anniversaire: un baguette magique d’Harry Potter made in china, mais aux pouvoirs magiques immenses… Entre cette baguette pointue et son squelette de rat, j’ai hâte du prochain passage en douane!!

Comme je connais déjà les lieux pour y être venu plusieurs fois, je traîne tout le monde dans la boutique des Dodgers attenante au parc– l’équipe locale de baseball, ma passion de jeunesse – et j’en profite pour acheter une casquette dans la boutique d’à côté. Charlotte est ra-vie!

Pendant le dîner, chacun révise son anglais en prévision du lendemain matin, où nous avons rendez-vous avec le directeur de la Richland Charter School, et une vingtaine d’élèves pour notre deuxième session d’interview pour « 20 questions to children ».

Mister G!

Nous sommes au nord de la ville, et l’école est près de Venice, au sud-ouest. Nous partons 1h00 avant l’heure prévue du rendez-vous: c’était sans compter sur les embouteillages monstres qui font la réputation de cette ville tentaculaire.

Nous arrivons avec 20 minutes de retard.

« Non Jean, « Richland » ne signifie pas le pays des riches. Enfin, si. Mais pas là. « 

Mais Gérard Granade, le directeur Franco-Américain de l’école nous accueille avec un grand sourire et nous présente à ses élèves. Tout le monde le salue au passage à grands coups de « Hello, Mister G.! », pendant qu’il nous raconte avec un léger accent Américain que sa langue de naissance est la Basque, qu’il est né à San Francisco de parents Français mais qu’il n’y a jamais vécu.

Mina, neuf ans et 1m30 de mignonnerie à elle toute seule

Nine, Louise et Jean posent leurs questions à tour de rôle, dans un anglais parfois approximatif, mais toujours avec une grande application. Les réponses sont très différentes de celles de la Nouvelle Orléans, et montrent à quel point ce pays est riche de ses disparités. Ici, nous sentons les enfants beaucoup plus concernés par les questions environnementales… et ouverts sur le monde qui les entoure.

« If you could erase something from earth, what would you erase ? »
« Donald Trump »

OK. Next question…

Notre seul francophone. On l’aurait bien emmené avec nous!!;-)

Nous ressortons rincés mais heureux de cette séance, avec quelques pépites, et un accueil chaleureux des enfants et de leur directeur, et rentrons «à la maison » en milieu d’après-midi.

Nous nous sentons tellement bien dans la maison de Jeff & Sparky que nous tentons – en vain – de rester une journée de plus. Le loueur de notre voiture à Tijuana m’explique en spanglish qu’il leur est absolument impossible de garder la voiture dans son parking jusqu’au lendemain. Enfin, sauf si on lui donnait 150$.

Les enfants sont un peu déçus, mais bien décidés à en voir le plus possible dans les quelques 24 heures qu’il nous reste sur place.
On repart donc en début de soirée en direction d’Hollywood Boulevard, et son « Walk of fame » avec toutes les étoiles.

Hollywood tonight

Jean – pas monomaniaque pour un sou – finit par trouver celle de Peter Jackson, le réalisateur de… King Kong, évidemment! Les étoiles sont aussi dans les yeux de Nine et Louise qui débusquent celles de leurs acteurs préférés.

These boots are made for walking

Avant de nous marier à Las Vegas, Charlotte et moi avions séjourné quelques jours au mythique Roosevelt hôtel, situé presque en face du Chinese Theatre, sur Hollywood Boulevard. Cette balade est donc pour nous aussi l’occasion de faire un petit pèlerinage…

The Roosevelt Hotel for my own farewell

Passage rapide chez El Pollo Loco d’où nous ressortons avec notre dîner, et nous repartons vers les hauteurs de Mulholland Drive. Nous nous arrêtons sur un promontoire et dégustons notre mauvais poulet industriel en admirant les lumières de la ville qui s’étendent à l’infini.

« Regardez les enfants: là-bas, c’est Venice Beach, puis Santa Monica, au bord de la mer, et là-bas, c’est Downtown »
« Mais papa, pourquoi il y a des montagnes dans la mer?? »
« ben euh… tais-toi et mange ton poulet! »

Après un coup d’œil discret sur google maps, je me rends compte qu’en fait nous regardons le nord de la ville, et pas le sud…

Pour la visite guidée, on repassera!!

En repartant, Charlotte fait un faux mouvement et se bloque le dos. Le lendemain, elle est pliée en deux et souffre à chaque pas.

Cruisin’ in Venice

Nous sommes le 17 novembre, et les filles doivent rendre leurs premiers devoirs au CNED.
La matinée est donc studieuse, surtout pour Nine qui enchaîne trois matières consécutivement. Elle termine dans la douleur à 14h.

Nous laissons Charlotte alitée et partons vers Venice. Passage obligé par Beverly Hills, Bel Air et Rodeo Drive. Nine est à fond et se met à rêver à son avenir. Un avenir simple et modeste: juste un yacht, un jet, et une maison à Beverly Hills.

The Prince of Bel Air

Moi qui me la joue Pierre Rhabi et m’escrine à leur enseigner les vertus de la sobriété heureuse, je ne suis pas au bout de ma peine! En même temps, nous sommes aux Etats-Unis, le temple du capitalisme-roi.

Je rame à contre-courant!

Venice Beach is poppin’

Le soleil commence à baisser lorsque nous arrivons à Venice Beach. Le temps de louer trois vélos et un longboard, et nous partons sur la piste cyclable qui longe la plage jusqu’à Santa Monica. La lumière est incroyable.

Boardwalk empire

Nous atteignons la grande roue du pier de Santa Monica à la nuit tombée, et décidons de faire le chemin dans l’autre sens.

J’appréhende un peu, car Jean connaît mieux les routes de la Chapelle-Bouexic que celles de Venice.
Lui qui apprend tout juste à ne pas traverser les boulevards en courant les yeux fermés, je le regarde slalomer avec aisance entre les junkies et les touristes sur le chemin du retour, en suivant ses soeurs. Moi, devant, comme un canard, fier de mes petits canetons!

Nine revoit ses projets à la baisse: elle se contentera d’une maison de 400m2 à Venice.

On progresse.

Le temps de retrouver où j’avais garé ma voiture, et nous repartons à quelques blocs de la plage, chez Orianne, une amie d’école installée depuis quelques années avec son mari Thomas et ses deux enfants – Gaspard et Eléonore –  après sept ans passés en Australie.

L’accueil est chaleureux, ses enfants aussi beaux qu’adorables, et Thomas nous prépare un délicieux poulet-pommes de terre, que tout le monde savoure après trois semaines de junk food. Thomas, que je ne connaissais pas, travaille pour Globe -une marque de skate- est très sympa, vient du sud-ouest et habite à Los Angeles, après avoir vécu à Melbourne: autant vous dire que je suis un tantinet jaloux!!

Je n’ai pas revu Orianne depuis 10 ans, et la soirée passe trop vite pour que nous ayons le temps de faire le tour des nouvelles de chacun. Nous nous quittons en nous promettant de nous revoir vite.

Beautiful people

Nine s’est un peu renseignée sur le prix de l’immobilier local auprès d’Orianne. Sur le chemin du retour, elle me dit que, finalement, elle se contentera d’une petite maison n’importe où pourvu que ce soit à Los Angeles.

On va y arriver!

Elle est en tout cas conquise par la ville, et un peu triste d’en repartir si vite.

Mais le loueur de voitures est intraitable: nous devons attraper le bus de 9h pour Tijuana, sans quoi nous traverserons la Basse Californie à pied, ce qui risque d’être un peu moins drôle.

Charlotte se réjouit d’avance des trois heures de bus, avec son dos bloqué.

Nous embarquons dans les dernières places disponible du Greyhound, près des toilettes: notre dernier souvenir des Etats-Unis sera donc une violente odeur d’urine et de produits chimiques… Trop génial juste après le petit-déjeuner!

Chacun regarde pensif le paysage urbain qui défile. Le temps d’une pause à San Diego et nous continuons vers la frontière.

On fait l’bilan, calmement


Avant de quitter les Etats-Unis, après un mois pile riche en péripéties, le bilan est plus que positif.

4500 km en camping-car, 3 grandes villes – New York, La Nouvelle-Orléans, Los Angeles, 7 états, 248 « Nice to meet you, I’m Pierre by the way », 943 « Wow », 3 semaines en camping-car, 15% de moins par rapport au budget prévisionnel, 43 millions de calories, 1 camping-car, 1 location de voiture, 1 vol en avion, 803 approximations géographiques typiquement américaines du genre « Oh! You’re from France! I love it! I’ve been to Venise one time ». Deux échanges de maison, beaucoup de vraies belles rencontres, 7 parcs nationaux, 1000 paysages à couper le souffle…

Ces trente jours passés aux Etats-Unis nous semblent à tous avoir duré des mois. Des tonnes de bons souvenirs et la promesse de revenir.
Cependant, malgré leur gentillesse, et la beauté des vastes territoires que nous avons traversé, il n’en reste pas moins que nous sommes étonnés de voir à quel point la plupart vivent « hors sol », complètement déconnectés de la nature fantastique qui les entoure, incapables de se nourrir normalement malgré la diversité de leurs terres. Le fossé culturel est criant entre les grandes villes que sont New-York et Los Angeles, et le reste du pays. Il explique certainement beaucoup de choses, à commencer par la politique actuelle et leur président en place.

 

Get ready Mexico, we’re coming!


Goodies

Livres à lire:  « L.A Story » de James Frey évidemment! Le roman de Los Angeles, l’histoire de cette ville tentaculaire, de sa fondation à nos jours, à travers le destin de 4 « anges ». Impossible de ne pas citer aussi James Ellroy et son quatuor sur Los Angeles, dont « le Dahlia Noir » et « L.A Confidential », John Fante et « Demande à la poussière », Mickael Connelly dont tous les polars se situent à Los Angeles ou Raymond Chandler! Il y en aurait tant d’autres à nommer, cette ville a inspiré tant d’auteurs…

Films à voir:  Les filles ont aimé revoir La La Land. Le générique est une ode à L.A! Quitte à regarder Ryan Gosling pendant 1h30, j’ai préféré Drive. On ne se lasse pas de Pulp Fiction ni de The Big Lebowski... La liste est infinie.

Séries à voir:  le choix est, là encore, aussi subjectif que difficile. Californication avait bien plu à Charlotte, Modern Family, en plus d’être super drôle, offre une vision moderne et réaliste de la vie à Los Angeles. 24h Chrono propose au contraire un regard complètement irréaliste mais tellement haletant. Un bon tuto pour tous ceux qui veulent sauver le monde en moins de 24 heures, tout en tuant plus de 724 personnes par heure. Dans les classiques, difficile de passer à côté du Prince de Bel Air, Beverly Hills pour les nostalgiques de Brandon, Kelly et ses super copains beaux et riches… ou encore Chips pour ceux qui ont toujours rêvé en cachette d’être Poncherello!