SOUS LE SOLEIL DE PUERTO

Catégories Mexique3 Commentaires

¡Vamos a la playa!

A force de paranoïa

Tout le monde m’avait prévenu que la ville de Chihuahua était comme la race du même nom: au pire dangereuse, au mieux sans intérêt.


Nous arrivons au terminal de bus en milieu d’après-midi, et nous engouffrons dans un Uber pour 47 secondes de trajet.

A force de paranoïa, nous venions d’effectuer la course de taxi la plus courte de l’histoire.

Un Best Western avec 2 chambres, le câble et un bon wifi. Après une semaine dans la montagne, tout ce luxe était le bienvenu.

Nous perdons Jean lorsqu’il il tombe sur King Kong en espagnol à la télé. Il ne comprend rien mais s’amuse à faire les doublages avec Louise.

L’hôtel est encerclé par des grandes enseignes américaines de fast-food, mais Biolotte résiste aux supplications de ses enfants (et un peu de son mari aussi) et nous emmène chez Buffalukas: le fast-food le moins fast et le moins food jamais testé dans ce voyage.
Elle se demande pourquoi sa boisson a le même goût et la même couleur que l’eau des toilettes et nous poireautons quarante-cinq minutes pour recevoir notre commande.
Pour tuer le temps, on se tord le cou pour regarder les 14 télévisions qui nous entourent (Jean les a comptées!).

Sitôt le dîner avalé, tout le monde se couche en prévision d’une nuit encore courte.

Boulanger-paysan

Notre premier vol du matin nous emmène jusqu’à la capitale.

Trois heures d’attente à l’aéroport de Mexico, où nous assistons en direct à l’investiture du nouveau président du Mexique: Andrés Manuel López Obrador, désigné par ses initiales AMLO.

Le moment est historique, car il s’agit du premier président de gauche du pays. Simon nous résumera plus tard les enjeux politiques du pays, et malgré l’optimisme suscité par son élection, il craint des lendemains moins chantants…

Tout le monde piaffe d’impatience dans l’avion qui s’envole vers Puerto Escondido: nous nous apprêtons à retrouver Simon, Hélène et Margot, leur petite fille de presque 2 ans.

Nous les avons connus au tout début de cette année.
Après 10 ans passés au Mexique, ils souhaitaient revenir quelques mois en France et nous ont contacté pour louer la petite maison attenante à la nôtre.
Simon voulait apprendre à faire du pain. Et pas n’importe lequel: celui des paysans boulangers, qui cultivent leur propre blé, moulent leur propre farine, et pétrissent leur propre pain.

Quand il nous a raconté qu’il travaillait depuis quelques années comme programmateur artistique dans un festival de cinéma à Oaxaca au Mexique et qu’il allait poursuivre ce travail à distance tout en apprenant à faire du pain, on s’est dit que la trajectoire était improbable, mais intéressante!

La magie des internet a fait le reste, et voilà comment ils sont passés d’une vie entre Oaxaca et Puerto à La Chapelle Bouexic, un matin pluvieux de janvier.

Nous nous sommes très vite bien entendu.

C’est d’ailleurs au cours d’une discussion avec Simon au coin du feu que nous avons décidé de faire ce voyage. Tous les deux avaient traversé l’Amérique du Sud de long en large. Ils connaissaient tout des différentes cultures, des points d’intérêt, des itinéraires recommandés et des bons plans.

Ce sont leurs histoires de baleines en Basse Californie, de couchers de soleil à Puerto, d’îlots à Uyuni, et de nuits étoilées à San Pedro de Attacama qui nous ont donné l’envie de visiter tous ces pays.

Ils sont repartis pour le Mexique en septembre et nous avons alors convenu de les retrouver en décembre prochain à Puerto, une fois le Oaxaca Film Fest terminé, pour une semaine au bord de la mer…

Retrouvailles

I am a human fly

Nous survolons le volcan Popocatépetl et de profonds canyons. L’avion amorce sa descente au-dessus de l’océan, et nous apercevons par le hublot des kilomètres de plage de sable blanc. La chaleur tropicale nous saisit à la porte de l’avion.

Tous les trois nous attendent à l’aéroport avec de grands sourires.

Tout le monde est ravi de se revoir.

Tough life

Le taxi nous dépose devant Casa Azul, une maison d’hôtes dans laquelle nous avions réservé 2 chambres.

«Votre maison n’est pas trop loin?»
«Non, ça va, elle est juste là» me répond Simon en pointant la maison juste en face!

La soirée préfigure le reste de la semaine: chacun va et vient entre la maison de Simon et Hélène et notre chambre d’hôte, très mignonne avec une petite piscine et une cuisine extérieure.

Guacamole fait maison, galettes de maïs du marché, piments locaux, bière Pacifico.

Enfin les vacances!

Le lendemain, c’est dimanche et nous planifions un programme inhabituel depuis le début de ce voyage: rien. Nada. Que dalle. Walou.
Eventuellement nager. Boire des cocas et fumer des clopes sous une paillote mais pas plus.

Pendant que Paris brûle, nous ressentons un plaisir coupable à nous dorer la pilule sur la magnifique plage de Carrizalillo, à quelques minutes à pied de la maison.

Rockaway beach

Les escaliers qui descendent à pic vers la plage rendent l’arrivée spectaculaire.

Nous faisons un sans faute sur le programme, et tout le monde rentre avec de bonnes couleurs.

Le soir, Simon nous accompagne au Cafe Azul goûter la Tlayuda, la spécialité régionale, sorte de tacos géant cuit au feu de bois, avec plein de bonnes choses à l’intérieur.

C’est bon, mais c’est riche!
Un peu comme tout ce que nous ingurgitons du matin au soir depuis plus d’un mois et demi. On se rend vite compte des conséquences, surtout quand on passe la journée en maillot de bain!!

Le lendemain, les filles sont de nouveau en examen. Elles tiennent un bon rythme avec leurs cours, qu’elles suivent consciencieusement malgré nos déplacements incessants.
Elles sont récompensées par de bonnes notes, qui les mettent en confiance et nous démontrent qu’elles peuvent voyager sans couper le fil de leurs études.

Bigoût

Malgré sa peur de l’eau, Nine veut apprendre à surfer mais les cours sont un peu chers, donc nous nous contentons de louer une planche.
Simon nous recommande d’être sur la plage avant 7h pour être sûrs d’avoir les meilleures vagues. Volontaires, mais pas franchement du matin, nous arrivons dans l’eau à 9h le lendemain.
Nine est sur la planche, je nage à côté, l’aide à se placer et la pousse lorsqu’elle est dans la vague.

Très rapidement, elle parvient à se lever et ne boude pas son plaisir en enchaînant les vagues pendant près de 3 heures.

Elle en ressort avec un grand sourire et un énorme coup de soleil.

Elle est bigoût : blanche devant, et rouge écarlate derrière!


Que celui ou celle qui n’a pas un jour «oublié» de mettre de la crème solaire pour bronzer plus vite au moins une fois dans sa vie lui jette la première pierre!

Loose

Quant à moi je retrouve une de mes anciennes connaissances: la loose.
A court de liquide, je cherchais désespérément un distributeur que je finis par trouver quand nous partons faire des courses. Simon et moi tombons devant un jeu trop classe au rayon jouets… Dommage qu’on manque de place dans nos valises!!

Atrapa la popó!

Je ressors tout content, sans le jeu de société, mais avec assez de cash pour la semaine. Ce n’est qu’en revenant chez Simon et Hélène que je m’aperçois avoir oublié ma carte dans le distributeur.

Ni mes supplications à l’agent de sécurité, ni ma demi-heure de queue à l’agence bancaire locale ne me permettront de la récupérer.

La veille, je racontais  à Hélène à quel point cette carte était magique pour les voyageurs que nous sommes: pas de frais de retrait à l’étranger, super assurances, gestion hyper fluide, acceptée partout…

Forcément, je faisais moins le malin…

J’ai pu finalement en commander une nouvelle dès le lendemain, et l’ai faite livrer chez mes parents que nous retrouvons au Costa Rica pour noël.
D’ici là, je suis bon pour retirer avec ma carte française et accepter les frais prélevés à chaque fois que je dégaine. Pas très grave au fond.

Routine

La routine s’installe: Charlotte accompagne Hélène au yoga, Simon nous indique ses bonnes tables. On passe l’après-midi à la plage. On s’amuse dans les rouleaux. On commande à boire et à manger les pieds dans le sable.

Les filles testent et approuvent de l’eau de coco, et tout le monde se convertit aux carafes d’eau de melon.
Comme on est sadiques, on laisse Charlotte commander, juste pour l’entendre prononcer : « una Jarra de agua de melón »


Les enfants débusquent geckos, lézards, iguanes et autres espèces locales. Simon leur ouvre une coco du jardin chaque matin.

Endless Sunset

Quand le soir tombe, nous ne manquons pas un coucher de soleil. Hélène ne nous avait pas menti: chaque soir offre un spectacle inédit.

Sur la plage de Bacocho, après une journée à lézarder au club de plage, nous assistons à un lâcher de tortues comme celui auquel nous avions participé à Todos Santos.
Hélas, les oiseaux sont présents cette fois et ne paraissent pas effrayés par les cris et les gestes que font les gens pour essayer de les empêcher de faire leur marché.

Baby turtle + sunset = kitsch puissance 1000

A Zicatela, mondialement réputée pour ses vagues de shorebreak, nous regardons le ciel s’embraser et les surfers prendre les tubes sous un coucher de soleil d’anthologie.

La vie est douce à Puerto.

On s’y déplace en taxi – très bon marché. Il y fait beau et chaud et nous nous plaisons dans cette Casa Azul, tenue par la douce Rossie, qui y vit entourée de ses 4 chiens et 3 chats.
Jean fait des infidélités à Jalouse avec Jomi, Miele et ses copains, qui passent le plus clair de leur temps à aboyer sur tout ce qui passe devant leur maison. Efficace contre les cambrioleurs. Moins pour dormir d’une traite!

On passe d’une chambre à l’autre par une passerelle aménagée sur les toits, et nous nous réfugions autour de la piscine quand il fait vraiment trop chaud.

Les filles chouchoutent Margot, mais le temps passe trop vite, et le départ d’Hélène et Simon approche.
Ils repartent vendredi matin pour la France.

Où ça? Dans notre petite maison à La Chapelle évidemment!

Ce n’est donc qu’un au-revoir: nous serons de nouveau voisins à notre retour.

Nous profitons d’un dernier coucher de soleil tous ensemble à l’Espadin, un bel hôtel qui domine la baie de Carrizalillo. Dernière bière au soleil pour les deux locaux de l’étape.

Papalotes

Avant de partir, Hélène nous avait arrangé une rencontre à Papalotes, une école de Puerto qu’elle connaissait bien.

Ils avaient même proposé à Jean de passer une journée avec eux.

Après l’avoir déposé dans la matinée, nous revenons à midi pour les interviews, armés d’un micro cravate et de notre espagnol de cuisine.

La lourde porte verte s’ouvre sur une grande demeure qui semble déserte. Le gardien nous amène à l’arrière, où nous retrouvons Jean en maillot de bain attablé avec une 20aine d’élèves au bord d’une grande piscine.

Too cool for school

Le self version Club Med. Le retour à la vraie vie va être difficile!

Nous menons les interviews dans une salle de classe pendant que les autres se baignent. Matéo, un adorable franco-mexicain de 9 ans, nous assiste et joue le rôle de traducteur. Encore une fois, de jolis moments, de superbes réponses et une fan de Queen qu’on ne pouvait plus arrêter.

Le soir, nous retournons à Bacocho car on y projette « Roma » sur la plage, à l’occasion du Festival du film de Puerto.

Nous renonçons à voir le film en V.O., mais pas au coucher de soleil.

Le lendemain, c’est jour de marché: nous ne pouvons pas partir sans déambuler dans les allées colorées du marché couvert.

Nous poussons ensuite jusqu’à la plage de la Punta, à l’autre bout de Puerto et tombons sur David et Will, rencontrés un peu plus tôt à La Paz.
L’après-midi se passe dans l’eau à jouer avec les rouleaux.
Avant de repartir en direction de Oaxaca par un bus de nuit, nous nous régalons d’un dernier coucher de soleil, cette fois sur la plage de Puerto Angelito.

Chacun a manifesté l’envie de se poser quelques jours, d’habiter un endroit plutôt que de le visiter. Nous avons donc renoncé à vadrouiller dans les Chiapas comme prévu, pour passer un peu plus d’une semaine à la découverte de la capitale régionale.

¡Hasta luego Puerto!


Goodies

Livres à lire: Kem Nunn est un auteur californien qui décrit le Mexique à travers ses romans noirs mêlant surf culture et immigration clandestine (« Tapping the source ou Surf City« , « Tijuana Straits« ).

Films à voir:  « Roma », le dernier film d’Alfonso Cuarón nous faisait pas mal envie lors de l’ouverture du festival, mais il n’emballait pas vraiment les enfants. Nous le gardons donc dans notre liste pour plus tard.

La carte magique:  même si je l’ai perdue en cours de route, il n’empêche que la carte N26 se révèle parfaitement adaptée à notre voyage: aucun frais prélevé sur les paiements, pas de frais de retrait, plafonds de paiement ajustables instantanément… Tout ça dans le monde entier. Ajoutez à cela des assurances très complètes, une appli hyper fonctionnelle, une hotline réactive – j’en ai fait l’expérience – et 9,90€/mois vous aurez une carte qui vous fait presque aimer les banques.