WAY DOWN IN COSTA RICA

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Un Noël au soleil

From Mexico to San José

Notre séjour au Costa Rica ne commençait pas sous les meilleurs hospices.

En voulant vérifier l’heure de départ de notre vol pour San José lorsque nous étions encore à Oaxaca, je m’étais aperçu que notre avion n’existait plus! Aucun mot de la compagnie, que j’essaye d’appeler, errant de services en services. La seule alternative qu’ils me proposaient était un vol le soir-même, imposant une nuit – à nos frais – à San José, la capitale du pays.


Mes parents, avec qui nous prévoyons de passer cette semaine de noël, arrivent trois jours avant nous au Costa Rica. Ils pourront donc nous attendre dans la villa de rêve que nous avons louée pour l’occasion.

Une semaine de vacances au soleil. Il nous fallait bien ça après deux mois de vacances!

Surf, yoga, farniente et cadeaux distribués par un père noël en maillot de bain.

Chacun se fait son film de la semaine de rêve qui nous attend.

L’arrivée à l’aéroport est chaotique: tout le monde est fatigué, et les chauffeurs de taxi qui se bousculent dès la sortie ne nous inspirent pas confiance. Nous n’allons pas loin mais les prix qu’ils m’annoncent en dollars américains sont pourtant prohibitifs.

Pura Vida

Dans la cohue, nous finissons par en trouver un qui accepte les colones, la monnaie locale. Sept minutes plus tard, tout le monde est déjà écroulé dans son lit, impatients du lendemain.

Je me lève tôt pour aller récupérer notre voiture. Même sketch que d’habitude du loueur qui veut me vendre toutes les assurances possibles et imaginables. Avec des dessins cette fois:

«Là, si vous vous faites rentrer dedans par la voiture de derrière, même si c’est pas de votre faute, c’est 1.500$ pour votre voiture, et 1.500$ pour l’autre. Si cela déclenche un carambolage, c’est 1.500$ par voiture. Entiendes?»
«Oui mais non. Merci. Je vais essayer de pas déclencher de carambolage ce sera plus simple.»
« Sinon, vous voulez un réhausseur à – seulement- 250$ pour le mois? »
« Non »
« Une assurance pour le plein? »
« Non »
« Bris de Glace? »
« Ça ira, merci. »
« Et si vous vous embourbez? »
« No. Gracias »
« Un GPS à 10$/jour? »
« Non plus non. En revanche, je veux bien les clés de la voiture s’il vous plaît.

Au bout de 45 minutes qui m’en paraissent le triple, je finis par repartir chercher le reste de la troupe à peu près dans le même état de sérénité que quand j’ai pris le volant du camping-car à Dallas.

Les valises rentrent pile dans le coffre de notre 4×4, et nous filons vers l’ouest en direction de Playa Negra, sur la presqu’île de Nicoya.

Quatre heures d’une route magnifique.

Une nature luxuriante et omniprésente. Tout est nouveau pour nous: les arbres, les animaux, les plantes au bord de la route, les oiseaux dans le ciel. De la voiture, nous ne tardons pas à repérer des masses noires dans les arbres qui bordent la route.

« On dirait carrément des paresseux! »
« Ah! ouais! Excellent! »
« … ils bougent pas trop quand même… »
« Mais c’est normal: un paresseux ça bouge tellement lentement que tu le voies pas se déplacer! »

Après vérification, il s’agissait en fait de… termitières!!
Rien à voir.
Mais, même ça, c’était inédit pour nous qui n’en avions jamais vues perchées dans les arbres.

Bad Vibes

Nous bifurquons sur une piste de terre pour les derniers kilomètres, et nous apercevons enfin le panneau « Los Nancites », annonciateur de retrouvailles tant attendues, surtout pour les enfants.

« Mais vous êtes 7 ??!! Vous savez que la villa est pour 6 normalement! »

C’est avec ces mots que nous sommes chaleureusement accueillis par le propriétaire des lieux; un français.

On dit parfois qu’on a le physique de son caractère. Ça ne pouvait pas être plus vrai pour lui: petit, sec, tendu, lèvres pincées, on sentait qu’il n’aimait pas être contrarié.


Et là il devait être contrarié.

Il finit par nous amener à notre villa, située à l’extérieur de sa propriété, où tout le monde tombe dans les bras de « Paddy et Manou » qui nous attendaient depuis la veille.

La maison est jolie, ouverte sur un grand jardin avec piscine. Trois chambres. La mer pas loin.

On va être bien.

Mon père indique discrètement au propriétaire qu’internet ne marche pas.

«Oui ça arrive de temps en temps. Ça va, ça vient. Vous savez, ici au Costa Rica, c’est «Pura Vida»!»

Internet ne fonctionnera pas de la semaine.

La mer est en fait trop loin pour y aller à pied, et le parking pour s’y garer est payant.

Pura Vida donc, mais avec des dollars et un bon abonnement 3G.

Malgré la distance, la plage est belle avec ses vagues qui déroulent parfaitement, et son coucher de soleil flamboyant.

Mais on sent qu’on est en fait dans un paradis pour américain fortuné: les prix sont incroyablement élevés, annoncés en dollars – même si l’on peut en fait payer en colones – et il n’y a pas un local, sauf dans les cuisines du restaurant de plage.

Depuis quelques mois déjà, j’étais en relation avec Caroline, qui m’avait proposé de nombreuses activités et excursions pour la semaine. Le propriétaire louait les maisons et elle s’occupait du reste.

Nous arrivions donc alléchés par le programme.

Mais le fait de devoir prendre la voiture pour aller jusqu’à la plage changeait quelque peu nos scénarios: Charlotte, qui se voyait déjà aller pieds nus au yoga en regardant le soleil se lever se dit que ce sera moins romantique de marcher 2,5km au bord d’une piste en se prenant des kilos de poussière à chaque passage de voiture.
Les enfants, qui se projetaient en Robinson indépendants jouant sur la plage pendant des heures, acceptaient l’idée de mettre un maillot sec avant de remonter dans la voiture.
Et moi qui m’imaginais saisir ma planche dès que j’apercevrais une belle droite depuis ma cuisine, je me résignais peu à peu à rester au niveau 0 du surf jusqu’à la fin de mes jours.

En un mot, on était un peu déçu.

GoogleMaps Fail #1

Le lendemain nous partons tous découvrir la ville voisine de Tamarindo. GoogleMaps annonce 30 km et 1h de route, avec 2 trajets alternatifs. Nous choisissons le plus court.

Mauvaise idée: la piste est complètement défoncée, nous force à faire plusieurs détours et les parents – qui n’ont pas de 4×4 – défoncent le pare-choc de leur voiture de location.

La ville est pire que la piste: nous sommes à Gringoland.

Plages aussi encombrées que la rue principale, musique à fond et des armées d’américains obèses trop cuits au soleil dans toute la ville.

On se sépare: pendant que les uns font les courses, les autres partent en quête d’un réparateur de pare-chocs. Recherche vaine, mais nous finirons par tout remettre en place quelques jours plus tard.

Heureusement, notre amie Lorraine, passée par là l’année dernière, nous avait donné l’adresse du « Green Papaya », un restaurant un peu en retrait dans une petite rue adjacente.
Les enfants s’installent sur les balançoires qui servent de sièges, et nous dégustons un bon plat au calme.

Sur le chemin du retour– par la bonne route cette fois – nous faisons un stop bien mérité à Playa Negra, et profitons d’un autre magnifique coucher de soleil.

Il a l’air sympa cet article!

Caroline – omniprésente avant et pendant ce séjour – nous propose de commander du poulet pour le dîner de noël du lendemain, et nous glisse au passage qu’il nous faudra régler le solde de la location en dollars et en cash.
Gloups.

« Mais si vous voulez, demain vous pouvez aller faire une excursion pour voir les tortues à Nosara! Il y a un distributeur de dollars pas loin! »

Ben voyons!

The Animals

Le lendemain à Nosara, pas de tortues, mais plein d’autres animaux, de plantes et surtout d’explications passionnantes de notre guide Gabriela. Trouvée au pied levé, nous l’appelons et la voilà qui débarque 10 minutes plus tard sur sa moto hors d’âge.

Sur la route, nous avions vu une famille de singes hurleurs se déplacer à la queue-leu-leu sur les fils électriques.

Howler Monkeys

Gabriela nous apprend que les lignes à haute tension ont dû être gainées pour éviter que les singes s’électrocutent.
En longeant la mangrove, on passe devant le Ceiba, un arbre sacré qui inspira celui d’Avatar, on voit passer une famille de Coatis – les ratons laveurs locaux – des singes hurleurs, on aperçoit un mot-mot, des frégates, des aigles et plein d’autres oiseaux dont j’ai oublié le nom… des insectes, des plantes, des arbres au tronc strié de vert, d’autres rouges, d’autres avec d’énormes lianes.

Trois heures dans la moiteur et l’émerveillement.

Au retour, on s’arrête déjeuner à Pelada, une petite plage conseillée par Gabriela. Bons plats, prix abordable, que des ticos – le surnom des costariciens – et le parking n’est pas payant. Jean repère deux gros iguanes qui se disputent un territoire.

En comparant ce coin de paradis avec le nôtre, on commence à se dire qu’on s’est trompé d’endroit!

Joyeux noël Félix!

Ces doutes se transforment en certitude lorsqu’on passe récupérer le poulet en fin de journée: le propriétaire nous attend avec une torche électrique et se met à nous hurler dessus, pour une raison qu’on ne s’explique pas encore.

La dernière personne à m’avoir hurlé autant dessus était mon prof de maths de 3è. Et je l’avais cherché contrairement à ce soir.
Nous sommes tous glacés par son agressivité.


L’air embarrassé de Caroline, arrivée après la bataille, ne l’empêche pas de me glisser :

« Sinon, vous avez trouvé un distributeur?… »


Nous passons quand même un super réveillon de noël.
Contrairement aux précédents, il n’y a ni sapin ni montagne de cadeaux. Juste des petits présents qui passent dans nos petites valises. Et ça nous fait un bien fou.

Jean nous offre de superbes dessins et reçoit la dernière BD de Lucky Luke. Nine et Louise distribuent leurs objets en pâte fimo, magie de créativité et de précision et, bien sûr, Manou se fend d’un discours.

Malgré l’engueulade, nous sommes tous heureux d’offrir et de recevoir.

Surf Session

La lendemain, on loue des planches de surf avec Nine, mais les vagues sont plus grandes et plus au large qu’à Puerto Escondido: elle se rabat sur le bodyboard, plus près du bord, pendant que je reste au pic.

Je ressors de l’eau deux heures plus tard, heureux, mais plus crevé et courbaturé que si j’avais traversé la Manche à la brasse.

« Hey ! Vous avez vu ? J’ai pris quelques bonnes vagues !»
« Ben non, on a rien vu, on voyait rien avec le soleil! On savait pas lequel t’étais! »
« … »

Heureusement, j’ai quand même quelques images:


Les journées coulent au soleil, entre balades à cheval et baignades dans les rouleaux.

Caroline nous presse pour le paiement. On se fend d’un aller-retour à la ville la plus proche – 1h30 de trajet – pour entreprendre le tour des distributeurs mais peu proposent des dollars, et nous somme limités dans nos retraits.

Nous y retournons le lendemain, en nous rendant à Palo Verde pour une excursion en bateau à la rencontre des crocodiles.

Crocodile Dundee

On pique-nique dans le village avant d’embarquer sur un petit bateau avec une autre famille de français, et leur guide Xavier, un français lui aussi, qui partage sa vie entre Lyon et le Costa Rica. L’eau est sombre comme le Mississipi, et le courant semble important.

Au bout de quelques minutes, nous apercevons déjà un premier crocodile qui se prélasse sur la rive. S’ensuivent des dizaines, petits et grands, que nous approchons parfois à quelques mètres. On se passe les jumelles pour voir une spatule rose s’envoler, des ibis, des hérons bleus, tâchetés, nocturnes, et pleins d’autres oiseaux multicolores dont j’ai oublié le nom. Le guide local nous montre sur un livre les animaux que nous voyons, et Xavier complète avec ses anecdotes personnelles.

Des iguanes énormes jaunes, oranges ou verts, des singes hurleurs et, clou du spectacle, un capucin curieux qui saute de branches en branches avant de nous rejoindre dans le bateau. Nous sommes un peu surpris quand le guide costaricien lui tend nos cookies, mais nous ne pouvons résister à ce spectacle incroyable et cette proximité inédite.

Le singe est curieux et agile, il saute d’une chaise à l’autre et passe d’un geste sur le toit, avant de revenir piquer un autre cookie.

Jean n’en peut plus. Il aimerait bien adopter un singe. En plus du reste.

On aurait dû l’appeler Noé.

Xavier est très sympa et chaleureux, et nous nous quittons en échangeant nos adresses respectives.
Tous les français au Costa Rica n’étaient donc pas mal aimables!

A la fin du séjour, et malgré notre connaissance parfaite de tous les distributeurs de la région, nous n’étions pas parvenus à retirer la totalité du solde en liquide. Il faut dire que le prix de la location n’était pas donné: c’était censé être ça notre cadeau de noël à nous tous.
Je fais donc un virement avant de partir, mais cela non plus ne leur convient pas.
Re-discussion avec Caroline. Mon père y met fin comme il sait le faire: promptement et sans aucune forme d’ambigüité. Elle repart la queue entre les jambes et l’enveloppe de cash dans la poche et nous pouvons profiter de notre dernière soirée ensemble pour fêter, un peu en avance, l’anniversaire de Nine.

Après s’être dits au-revoir sur le pas de la porte, chacun repart de son côté: mes parents vers le sud avant de visiter la Colombie, et nous vers le nord en direction du volcan Arenal.

Nous gardons un sentiment mitigé de cette semaine: celui heureux d’avoir passé Noël et partagé un bout d’aventure avec ceux que l’on aime, et celui moins heureux d’avoir loué à prix d’or une maison à des cons finis – malhonnêtes par-dessus le marché – dans une région trop américanisée à notre goût.

Comme ça, c’est dit!


Goodies

Suivez le guide: sans Gabriela, nous nous serions promenés dans une jolie forêt. Grâce à elle, nous avons observé quantité d’animaux et de plantes que nous n’aurions pas vu, ou pas nommé. Passionnée et passionnante, elle était là tout de suite, n’a pas fait payer les enfants et n’a pas compté son temps.
Nous vous recommandons également Xavier, qui nous su nous transmettre en une après-midi son amour inconditionnel du Costa Rica. Il propose des voyages pour des petits groupes, mêlant journées itinérantes et séjours chez lui, au bord de l’océan. Comme dirait Nutella: « ses 20 ans d’expérience feront toujours la différence »!