WHERE THE CARIBBEAN SEA IS BLUE (2/2)

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De Palomino à Carthagène

El Rector

Tout le monde se lève bon pied bon oeil pour une nouvelle rencontre avec des élèves dans le cadre de 20 questions to children.

C’est Angelina, la mère de notre hôte, qui nous avait mis en relation avec l’école de Buritaca, le village voisin. Dès notre premier rendez-vous, le directeur – « El Rector » – nous propose de revenir le lendemain matin pour faire les interviews.

L’école est ici beaucoup plus pauvre que les précédentes.
Le Directeur doit soulever la porte de la classe pour y entrer et la réaction des élèves à la coupure électrique laisse peu de doutes sur leur fréquence.
Mais, comme dans toutes les écoles, nous ne rencontrons que des sourires et des regards intrigués.

Un ara majestueux squatte un arbre de la cour et des poules slaloment entre les élèves. Ici, l’école commence à 7:00 et se termine à 12:00. Certains sont déjà occupés à peindre une fresque devant le portail de l’école, accompagnés par une association de street artists venus de la capitale Bogotá.

Art is everywhere

Plus rôdés qu’au départ, nous enchaînons les interviews des enfants – et même d’un adulte qui veut absolument répondre au questionnaire – dans une ambiance très différente des fois précédentes, mais toute aussi touchante et enrichissante.

La séance terminée, nous partons vers Playa Los Angeles. Il faut dire que nous sommes le 24 janvier : Louise fête aujourd’hui ses 12 ans.

Playa Los Angeles

Le chemin qui mène à la plage est très beau.

Stairway to heaven

Nous savions la plage payante car appartenant à un hôtel mais on pensait pouvoir s’y baigner. Hélàs, comme sur les autres, la mer est trop formée et les courants beaucoup trop forts pour s’y risquer.

Qu’importe, l’endroit est absolument magnifique, et quasi-désert à l’opposé des précédents.

Happy Birthday to me

Nous décidons de déjeuner sur place. Rapidement, on engage la conversation avec la table voisine: Tatiana est de Medellin et nous y allons dans quelques jours. Son mari Tyler est canadien et vit en Colombie depuis 7 ans. Installés depuis peu à Santa Marta, ils accueillent les grands-parents de Tatiana pour quelques jours.

Ils nous proposent de les accompagner sur la plage voisine. Tyler veut y surfer et Tatiana emmener ses grands-parents dans un endroit où ils pourront se baigner.

Il paraît que c’est très beau mais normalement réservé aux surfeurs.

Nous empruntons un petit chemin dans la forêt qui débouche sur… une porte avec un videur, comme dans une boîte de nuit, à qui il faut montrer patte blanche sa planche.

Après avoir traversé une première petite plage, nous devons nous mettre en maillot pour passer un gué et gagner une langue de sable entre mer et rivière, d’une beauté sans nom.

Un gros rocher rond sert de plongeoir à quelques enfants locaux, que nous ne tardons pas à imiter. Plusieurs panneaux nous invitent à la méfiance: des caïmans rôdent aux alentours, mais Tatiana nous rassure en nous disant qu’elle n’en a jamais vus. Quelques jours plus tard, notre hôte nous racontera cependant qu’une petite fille de deux ans s’est faite avaler tout crue au même endroit.

Heureusement pour nous, nous n’en avons pas vu la queue d’un.

L’après-midi se passe à barboter dans les eaux chaudes de l’embouchure de la rivière, et à sauter du rocher. Même le grand-père de Tatiana, un ancien militaire de 83 ans, ne se fait pas prier pour faire un plongeon.

On discute avec nos nouveaux amis, pendant que Louise et Jean tentent des figures plus ou moins improbables depuis le rocher.

Everybody hurts sometimes

Jean s’arrête de temps en temps pour tenter de me couler. Je finis par céder et retiens ma respiration pendant qu’il me tient fermement les épaules.

Je remonte à la surface. Trop vite.

Jean est projeté en arrière sur le rocher et je l’entends hurler: il vient de se fracasser la tête dessus.
Du sang commence à couler sur son dos.
Tout à coup, l’après-midi de rêve prend une tournure franchement moins drôle.

Jean se calme vite mais je distingue une méchante ouverture de près de 10cm à l’arrière de son crâne.

Ne pas paniquer. Garder son calme. Se faire engueuler par Charlotte parce qu’on ne sait pas s’arrêter à temps. Essayer d’arrêter le saignement. Rassembler les affaires. Repasser le gué. Désinfecter avec ce qu’on trouve à l’hôtel. Faire un bandage de fortune pour limiter le saignement. Revenir à la voiture.

Sur le chemin du retour, Tyler me propose de la «crazy glue» qu’il a dans son coffre de voiture.

« Les surfers l’utilisent pour suturer ponctuellement. »

Quand il me tend le petit tube, je me rends compte qu’il s’agit en fait de super glue, la même qu’on utilise pour réparer la porcelaine cassée. Je ne me sens pas de recoller le crâne de mon fils avec de la glue, d’autant que nous partons bientôt en Amazonie, qui n’est pas l’endroit idéal pour gérer les infections.


Jean est adorable et fait même quelques blagues pour détendre l’atmosphère, il est vrai un brin tendue. Les grands-parents nous ont suivi d’un pas alerte, inquiets pour Jean et tellement affectueux avec les enfants.

Le manager de l’hôtel nous a indiqué un dispensaire, à dix minutes de là. La nuit est tombée et nous hésitons à aller directement à Santa Marta, à plus d’une heure de route, pour trouver une clinique toute équipée. Nous optons finalement pour le dispensaire plus proche. Tatiana et Tyler nous suivent avec leur pick-up, pour nous aider à trouver et traduire le cas échéant, mon vocabulaire médical étant assez limité en espagnol.

Sur place, je suis inquiet de trouver l’infirmier en train de boire des coups dans l’épicerie en face du cabinet. Après avoir inspecté nonchalamment la plaie de Jean, il m’envoie dans la droguerie acheter le nécessaire et fait asseoir Jean pour le soigner. Ils sont en fait deux infirmiers, et je vois à leurs gestes méticuleux et experts que nous sommes entre de bonnes mains.

« Maman, tu peux me mettre le bandage sur l’oeil plutôt? Ça fait plus King-Kong »

Une demi-heure après, il ressort avec 6 points de suture, et moi un bon coup de stress.

Tyler, Tatiana et ses grands-parents sont eux aussi rassurés, et étouffent Jean de câlins et de mots gentils.

Encore une superbe rencontre.

Personne ne veut en rester là mais les enfants tiennent aux crêpes promises de longue date pour l’anniversaire de Louise. On prévoit donc de se revoir le lendemain.

Hôpital de campagne

Sur la route du retour, Louise ne se sent pas très bien.

« La vue du sang » nous dit-elle.

Alors que Charlotte prépare les crêpes, Louise verdit à vue d’œil.

Son état empire durant la soirée et la pauvre ne mange rien de son repas d’anniversaire.

Elle passera la nuit la tête dans le seau à vomir ses tripes dans cette cabane soudainement transformée en hôpital de campagne.

Je vais bien, tout va bien

Heureusement, le lendemain, Louise reprend des couleurs et Jean parle toujours autant.

Cent ans de solitude

Nous prenons la route de Cienaga, situé juste après Santa Marta.
La ville doit sa réputation au fait que Gabriel Garcia Marquez s’en serait inspiré pour décrire le village au centre de son roman «Cent ans de solitude ».

Forcément, ça doit avoir plus d’intérêt quand on a lu le livre. Ce qui n’est pas notre cas.

La circulation dans la ville ressemble à celle de Santa Marta, en pire.
Là, des tuk-tuks s’ajoutent au bordel ambiant. Ne pas avoir rayé la voiture jusqu’à présent relevant du miracle, je ne tente pas le diable et me gare à l’entrée de la ville et nous embarquons tous les cinq dans un tuk-tuk jusqu’au centre.

Twins

La chaleur est écrasante, et la ville sans beaucoup d’intérêt. Surtout quand on pas lu le livre.

Sur la place ombragée, Jean aperçoit un iguane qui monte à un arbre. Puis deux. Puis trois. En levant les yeux, on s’aperçoit qu’il y en a en fait partout dans les branches, et sur toute la place.

Iguana tree

Le déjeuner avalé, nous partons retrouver Tyler et Tatiana sur la route de l’aéroport, qui raccompagnent leurs grands-parents.

On s’installe dans un «Crêpe & Waffles» et tout le monde se gave de gauffres au Nutella et de glace à la mûre, Louise incluse.

Après le départ de Tatiana, Tyler et leurs grands-parents pour l’aéroport, nous restons un peu pour profiter du wifi et rentrons pour une dernière soirée dans notre cabane.

Sitôt sortis de la voiture, nous sommes invités par Angelina à partager le barbecue avec le reste de sa famille. Trop bon.


Straight to Cartagena

Le lendemain, nous quittons à regret notre cabane de Robinson pour poursuivre nos aventures plus à l’ouest, toujours sur la côte Caraïbe : direction Carthagène des Indes.

Il faut rendre la voiture à l’aéroport après l’avoir fait nettoyer et prendre un taxi – clandestin – pour rejoindre le terminal de bus.

Le chauffeur nous recommande une compagnie confortable et surtout directe pour Carthagène.

« No vas con Flamingo hermano: es una tortura! »

Heureusement, car elles sont nombreuses et on peine un peu à s’y retrouver.

Tout le monde embarque dans un car flambant neuf, avec écran géant et wifi, pour cinq heures MAXIMUM de trajet, à en croire le vendeur.

Evidemment, nous arrivons après plus de six heures d’un voyage cependant confortable et magnifique: de Santa Marta, on rejoint Barranquilla, la ville de Shakira, par une très fine langue de terre, la mer d’un côté, et la mangrove de l’autre.


A l’arrivée, aucun taxi ne veut prendre une famille de cinq avec des bagages. Nous finissons par trouver un particulier qui nous embarque vers le centre. Il est très sympa mais, entre les bouchons et ses erreurs de navigation, nous mettons près d’une heure avant d’atterrir, crevés, à l’hostal « Friends to be », dans le quartier de Getsemani.

Les chambres sont propres et l’endroit charmant. Un patio de style colonial avec une petite piscine au centre et un rooftop avec vue sur le fort.

Il valait mieux vu le prix.

Les enfants hésitent entre mourir de faim ou de fatigue: deux rues derrière notre hôtel, nous tombons sur une petite place envahie par les vendeurs ambulants et leurs clients.

Hot dogs pour les uns, arepas pour les autres.

Pas bons mais nourrissants.

Le dimanche, on se lève de bonne heure pour aller visiter la vieille ville avant qu’il ne fasse trop chaud. Peine perdue: nous dégoulinons déjà à neuf heures du matin, malgré les ruelles étroites qui offrent une ombre salutaire.

La vieille ville est colorée, magnifiquement rénovée et blindée de touristes.

Des palenqueras avec leurs robes chamarrées et leur plateau de fruits sur la tête monnayent des selfies « typiques ». Les vendeurs ambulants proposent chapeaux, lunettes de soleil, maillots de foot et, bien sûr, des t-shirts à l’effigie d’ «el Patron» Pablo Escobar.

On déambule sur les remparts de cette ville fortifiée, on traverse la place des douanes où étaient vendus autrefois les esclaves. Jean désespère un peu de voir sa maman s’arrêter devant tous les panneaux d’explication historique et de lui faire répéter ce que nous venons tous d’apprendre.
Sur les conseils de deux jeunes vendeurs croisés à l’ombre bienfaitrice d’une énième place Bolivar, on visite le musée de l’inquisition, qui expose les instruments de torture de cette époque et les sévices subis par les hérétiques. Horrible.

Jean retient beaucoup mieux tout à coup !

L’après-midi est consacrée à des activités du dimanche: glande autour de la piscine, et organisation des aventures à venir. Après une semaine de douches froides au tuyau d’arrosage, tout le monde est content de profiter un peu du confort de l’hostal. 

It’s a hard knock life

Le lendemain, il est déjà temps de repartir. Les enfants sont ravis de se lever de nouveau aux aurores – enfin, à 6:30 – pour reprendre un avion, cette fois en direction du sud: passage express par Cali, la ciudad caliente, avant de rejoindre nos copains Damien et Macha, tout juste arrivés de France pour dix jours en Colombie.

Cali, get ready!


Cent ans de solitude: Chef d’oeuvre de la littérature du XXè siècle, prix nobel en 1982, le livre – dit de « réalisme magique »- suit une famille sur sept générations, dans le village de Macondo – censément Ciénaga donc. Ecrit en 1967 par Gabriel Garcia Marquez, il a été initialement imprimé à 8.000 exemplaires. Quarante ans plus tard, et après plus de 30 millions de lecteurs, « Cent ans de solitude » est considéré comme l’un des « 100 plus grands livres de tous les temps ». Charlotte est laborieusement parvenue à lire les 200 premières pages… pas hyper palpitant a priori mais elle ne désespère pas d’arriver à bout de ce pavé d’ici notre retour en France!

Surf en Tayrona: plus qu’une petite vidéo sur le surf dans la région, cet épisode de « Surfology » raconte l’histoire très émouvante d’un père et son fils qui ont pris un jeune wiwa sous leur aile. Quelques images d’archives montrent également l’impressionnante transformation de la région, passée en seulement quelques années du champ de bataille au paradis pour touristes dont nous faisons partie. Plus que toute autre, nous avons adoré cette région de Colombie, ses habitants et ses paysages.

La cabane de Robinson: parce que le paradis à 28€ la nuit, ça ne court pas les rues, voici l’annonce du « châlet » de Carlos. Cardiaques et obèses s’abstenir: elle est perchée en haut de 130 marches ardues. Internet addicts: passez aussi votre chemin; l’endroit reçoit tout juste la 3G (quand on se penche très fort avec son téléphone). Pour tous les autres, embrassez chaleureusement Angelina, la maman de Carlos, lorsqu’elle vous accueillera, et profitez de la vue!